11. septembre 2025
« La certification Minergie, simple et claire »
Fabian Bannwart a commencé sa carrière par une formation de quatre ans en tant que projeteur en installations sanitaires. Il a ensuite travaillé comme collaborateur technique puis comme chef de projet dans un bureau d’ingénieurs spécialisé dans les installations techniques. Parallèlement, il a suivi la Haute école spécialisée en technique des bâtiments à Saint-Gall afin d’élargir ses compétences. Après avoir obtenu son diplôme, il a rejoint l’Agence de l’énergie de Saint-Gall (energieagentur Sanktgallen) en 2013, où il contrôle les demandes de certification Minergie et assure des tâches de conseil.
Pouvez-vous nous décrire brièvement votre rôle dans le processus de certification d'un bâtiment Minergie ?
En tant que directeur de l’office de certification Minergie de Saint-Gall, je suis chargé, avec deux collègues, de contrôler les demandes de certification pour tous les standards Minergie et ECO des cantons de Saint-Gall, d'Appenzell Rhodes-Extérieures et Intérieures, de Glaris et de la Principauté du Liechtenstein.
À quelles phases du processus de certification participez-vous ?
Notre travail commence souvent très tôt, avec des entretiens préalables, des conseils et des informations sur l’ensemble du portefeuille Minergie. Il s’achève à la délivrance des certificats définitifs, une fois la construction terminée. Dans environ un projet sur cinq, je procède également à une visite sur place.
Comment procédez-vous au contrôle d’une demande de certification ?
La première étape consiste à vérifier que le dossier est complet. Si c’est le cas, je commence par contrôler la surface de référence énergétique à partir des plans. Cela permet de bien comprendre le projet et de prendre connaissance du type d’affectation prévu, de sa construction, des ombrages, de la part de vitrages et d’autres éléments essentiels au contrôle.
Ensuite, je vérifie la protection thermique, hivernale et estivale, dont la complexité varie selon le bâtiment. Puis, je contrôle les données saisies pour les installations techniques. Ce travail est relativement simple pour des bâtiments résidentiels, mais pour des affectations spéciales comme des piscines ou des patinoires, nous faisons généralement appel à des spécialistes.
Vient ensuite la vérification du chapitre « électricité ». Cela comprend l'électricité domestique, y compris l'éclairage et l'autoproduction d'électricité. Pour ce dernier aspect, la saisie de la « surface du toit disponible » est vérifiée, car elle est très importante pour le calcul de l'Indice Minergie.
Le contrôle se termine par les chapitres consacrés au monitoring et aux émissions grises.
À quelle fréquence y a-t-il des demandes de complément et comment cela se déroule-t-il ?
Dans la majorité des cas, une phase de compléments est nécessaire. Les requérant·e·s doivent alors corriger les erreurs ou fournir les informations manquantes.
Quels sont les trois conseils que vous donneriez aux planificatrices, planificateurs et maîtres d’ouvrage pour préparer leur demande ?
1. En cas de doute sur le formulaire ou les justificatifs, il vaut mieux contacter l’office de certification compétent pour le canton concerné (voir liens en bas de page). Clarifier ces points en amont simplifie la procédure et évite des allers-retours inutiles. Cela réduit la charge de travail liée au contrôle de la demande et évite des demandes de complément dans le processus de certification.
2. Les projets comprenant plusieurs bâtiments similaires ou avec plusieurs entrées peuvent être regroupés, ce qui réduit la charge de travail et les coûts de certification. Les informations concernant la certification pour des projets avec plusieurs bâtiments figurent au chapitre 3.3 du Règlement des labels Minergie.
3. Une demande peut être déposée à tout moment, même après la construction. Mais l’idéal est de le faire au moment du dépôt de la demande de permis de construire.
Cela présente plusieurs avantages :
Premièrement, les formulaires de justificatif énergétique peuvent être supprimés du dossier de mise à l’enquête. Pour un projet de construction ordinaire, seul le formulaire cantonal de base est nécessaire.
Deuxièmement, à ce stade de la planification, toutes les informations requises pour établir les justificatifs sont disponibles. Dans les phases plus précoces, certaines données font généralement défaut et, dans les phases plus avancées, il n’y a pratiquement plus de modifications pertinentes du point de vue énergétique.
Troisièmement, la délivrance du certificat provisoire offre au·à la requérant·e une sécurité en matière de planification et lui permet de valoriser le projet en conséquence dans sa communication.
Quelles différences y a-t-il entre la certification d’un bâtiment neuf et celle d’une rénovation ?
Le processus reste identique, mais le travail peut être considérablement réduit lors d’une rénovation, notamment si la demande s’appuie sur les modèles de rénovation Minergie. Ce document simplifié vise à encourager les rénovations Minergie.
La principale difficulté réside souvent dans l’élaboration d’un concept de ventilation adapté. Minergie a déjà publié plusieurs documents à ce sujet et propose aussi des cours. Je recommande vivement la brochure « Un air ambiant sain ».
Qu’aimeriez-vous voir évoluer dans la certification ?
Moins de réticence. J’entends souvent dire que des équipes choisissent de concevoir un projet selon Minergie-ECO mais renoncent à la certification par peur de charges de travail et financières supplémentaires. Certains mythes tenaces autour de Minergie jouent probablement aussi un rôle. La certification n'a rien de sorcier et si le projet de construction est de toute façon planifié selon Minergie-ECO, les coûts supplémentaires liés à la certification sont marginaux.
Quels sont les avantages d'une certification Minergie-ECO ou Minergie ?
Au-delà des bénéfices financiers (meilleure attractivité à la location, valeur de revente accrue, conditions hypothécaires avantageuses), les arguments clés sont la qualité, la transparence et la comparabilité.
Avec un certificat Minergie, il est clairement établi qu’un bâtiment répond aux standards suisses les plus exigeants en matière d’efficacité énergétique, de confort et de protection du climat. Ce résultat est documenté de manière détaillée, vérifié par un office indépendant et les éventuelles faiblesses du projet sont identifiées et corrigées.
Les liens utiles :
- Liste des offices de certification
- Règlement des labels Minergie
- Justificatifs énergétiques cantonaux
- Notre brochure : Un air ambian sain
Dans notre série d'entretiens, nous découvrons, avec différents offices de certification, les coulisses du processus de certification d'un bâtiment Minergie.
Entretien précédent :
- Michel Wyss, responsable de la certification chez Minergie en Suisse romande : vers l'interview