26. février 2024

4 questions sur les premières constatations après l’introduction des standards 2023

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Andreas Meyer Primavesi, directeur général de Minergie
  1. Andreas, la transition vers les nouveaux standards Minergie a-t-elle bien débuté ?
    En principe, oui, mais nous n'avons pas encore toutes les informations nécessaires. Nous constatons que de nombreux projets sont en cours sur la nouvelle plateforme des labels et des justificatifs sont élaborés selon les standards Minergie 2023. Plus de 100 demandes de certification ont déjà été soumises. Nos spécialistes reçoivent également de nombreuses questions, notamment sur Minergie-Quartier, ce qui permet de penser que les planificateur·trice·s examinent attentivement les nouvelles exigences. Cependant, nous ne pouvons pas encore confirmer que tout est « en ordre ».
  2. Comment définissez-vous le terme « en ordre » dans ce contexte ?
    Excellente question ! Actuellement, nous sommes en train de développer une stratégie pour les quatre prochaines années au sein du comité et de la direction et cette question est au cœur de nos préoccupations. Nous souhaitons obtenir un impact significatif dans les domaines représentés par nos standards Minergie : le confort thermique des utilisateur·trice·s, l'efficacité à tous les niveaux et de faibles émissions de gaz à effet de serre pour contribuer à la protection du climat. Parallèlement, nous voulons maintenir l'effet de masse des standards Minergie et les développer davantage dans le domaine de la rénovation. Cela va bien sûr un peu à l'encontre du renforcement des exigences : plus les exigences sont élevées, par exemple en matière de protection thermique estivale ou d'émissions grises, plus elles sont dissuasives et plus on renonce au certificat.
  3. Les nouvelles exigences ont-elles fait leurs preuves ?
    Il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions définitives, mais nous restons prudemment optimistes. Par exemple, les valeurs limites d'émission grises suscitent des débats, certains les considérant comme difficiles, d'autres comme faciles. Atteindre ces limites peut être relativement simple pour une construction en bois sans sous-sol, mais plus délicat pour un immeuble en pente avec des caves et un garage. Si nous voulons densifier les zones d’habitation et que Minergie continue à avoir un impact important, ces valeurs limites doivent être atteignables même dans le deuxième exemple. Mais je pense que cela doit rester un défi. La question cruciale est également de savoir comment les exigences plus élevées en matière de protection thermique estivale peuvent être mises en œuvre, en particulier dans les régions les plus chaudes et pour les pièces profondes. Dans les cantons les plus chauds, le rafraîchissement pourrait devenir inévitable et, dans les salles de classe, trouver l'équilibre entre la protection thermique et la lumière du jour sera un véritable défi.
  4. Y a-t-il d'autres conflits d’intérêts ?
    J’ai eu l’occasion d’animer un débat intéressant à ce sujet à la Swissbau. Oui, il y a d'autres considérations à prendre en compte. Bien sûr, il y a aussi des idées reçues. Parlons tout d'abord des conflits réels : les exigences en matière d'émissions de gaz à effet de serre ont un effet sur les exigences de protection thermique estivale, car une réduction des quantités de béton entraîne une masse thermique moindre. Il pourrait être utile à l'avenir de considérer des matériaux tels que l'argile. Outre l'optimisation de la proportion des fenêtres, déjà mentionnée pour l'équilibre entre protection thermique et lumière du jour, il est également indéniable que des conflits d’intérêts émergent au niveau de l'enveloppe du bâtiment. La planification doit prendre en compte des éléments tels que le photovoltaïque, la végétalisation, les fenêtres et les balcons. Cela nécessite une coordination minutieuse. Cependant, il existe aussi des mythes. Pour une fois, je ne parle pas des fenêtres Minergie qu'il serait impossible d'ouvrir, mais de la critique d'une bonne isolation ou du photovoltaïque. Il est clair que la production de modules photovoltaïques et de matériaux isolants nécessite de l'énergie, mais sur l'ensemble de leur cycle de vie, leur bilan énergétique et climatique est clairement positif. L’efficacité doit être et dans la construction et dans l’exploitation.